Les pièges du tourisme
République Dominicaine
Nous avons choisi la République Dominicaine comme première destination pour un reportage de l’association car il est connu que le tourisme en République Dominicaine est énormément basé sur les animaux.
En effet, quand nous sommes arrivés dans les agences de tourisme, toutes les excursions avaient des animaux dans leur programme afin d’attirer les touristes.
Nous avons donc fait l’excursion « A la poursuite des baleines ». Comme son nom l’indique, il s’agit bien d’embarquer sur un énorme bateau avec en fonction des jours entre 30 et 60 personnes et d’aller au large de l’océan atlantique afin de trouver des baleines à bosse à observer. Le guide nous informe que nous allons chercher les baleines et qu’il ne peut garantir le temps que l’on va rester sur le bateau car il ne s’agit pas d’un aquarium. Cela nous laisse supposer qu’ils n’attirent pas les baleines avec de la nourriture mais que cette excursion est basée sur l’observation de ces mammifères marins et la connaissance de l’endroit et de l’heure de leurs ballades. C’est en effet là, au large de la presqu’île de Samana que se donnent rendez-vous chaque hiver plusieurs milliers de baleines à bosse arrivées ici après une longue migration à travers l’Océan Atlantique. Chaque hiver au mois de décembre, les baleines de l’Atlantique Nord quittent les eaux froides du Canada, du Groenland ou de l’Islande pour converger vers les eaux chaudes de la mer des Caraïbes. Une longue traversée totalisant parfois plus de 5000 kilomètres qui les mènent le long des côtes des Bahamas au nord de l’archipel, ou plus au sud, au large de la Dominique et de la Guadeloupe.
Mais c’est en République Dominicaine, et plus particulièrement dans la magnifique baie de Samana que les baleines à bosse élisent le plus souvent domicile. En plein cœur de la saison de reproduction, entre janvier et mars, il n’est ainsi pas rare de compter plus de 10000 spécimens croisant au large de la presqu’île, faisant le bonheur des spécialistes des cétacés et des nombreux touristes venus les observer. Car si les baleines à bosse ont entamé ce long périple vers la République Dominicaine, c’est avec une idée fixe. Se reproduire. C’est ainsi que pendant deux mois, la baie de Samana se transforme en lupanar géant où les mâles rivalisent de sauts acrobatiques et de complaintes amoureuses pour parvenir à leur fin.
Nous arrivons enfin à l’endroit cherché et le bateau ralentit, d’autres bateaux nous rejoignent, venant de tous les côtés. Entre le guide et les éclaireurs, tout le monde cherche des yeux les baleines. C’est un moment de grand silence dans le bateau quand enfin un éclaireur crie « WHALES !!!! BALLENAS !!! » en pointant son doigt vers le fond bleu. On se lève tous et on suit du regard son doigt, on se penche sur le bord du bateau.
Nous assistons tous donc à un spectacle incroyable sui nous laisse tous sans voix : les baleines s’approchent, sautent, se montrent, font même des figures acrobatiques ! les baleines à bosse se laissent facilement approcher par les bateaux venus les observer.
Cependant et malgré ce ballet somptueux, il ne faut pas oublier que cette bénédiction pour les professionnels du tourisme de la région qui organisent ces excursions de Whale-Watching peut être dérangeant pour les baleines. Les autorités dominicaines tentent de préserver au mieux la tranquillité des animaux et de conserver intact le milieu naturel dans lequel ils évoluent. Car si la baleine à bosse est plutôt sociable, de trop nombreuses allées et venues de bateaux chargés de touristes pourrait l’amener à s’éclipser vers des rivages plus accueillants. Une catastrophe déjà vécue à Hawaii que ne voudrait pas voir réitérer le gouvernement. Depuis une trentaine d’année la République Dominicaine s’est ainsi engagée dans la mise en place d’une série de mesure visant à protéger les baleines de toute pression excessive. Création d’un sanctuaire marin dans la baie de Samana, limitation du nombre de bateaux autorisés à parcourir le site, et création d’un calendrier officiel n’autorisant les expéditions que du 15 janvier au 20 mars. L’excursion que l’on a vécu avec 20 bateaux autour des baleines ne nous a tout de même pas rassuré sur le traitement réservé à ces animaux qui au bout de quelques minutes de parade et de ballet cherchaient à fuir avec de la tranquillité et c’est à ce moment-là que le mot « chasse » prévu au programme de l’excursion a pris tout son sens car les 20 bateaux ont démarré de plus belle en les suivant et en les encerclant parfois, oubliant toute règle de sécurité et avec une odeur de carburant immonde partout au milieu de l’Océan, ne voulant pas décevoir les touristes qui étaient venus s’émerveiller de ces mammifères…
Notre seconde excursion a été cette fois bien plus morbide. En effet, il existe à Punta Cana un parc qui s’appelle Dolphin Discovery et qui, comme son nom l’indique, a pour thème le dauphin, en particulier le dauphin en piscine… La captivité est incompatible avec la satisfaction des besoins naturels du dauphin. Dans l’océan, il chasse et peut parcourir des centaines de kilomètres par jour. Dans les delphinariums, il mange du poisson mort et tourne en rond dans son bassin. Son dressage et ses conditions de vie finissent par le détruire ; le dauphin captif devient fou, se livrant à l’inceste, à l’automutilation, à des comportements contre-nature.
Ce parc vous propose donc toit type d’excursions à thème avec les dauphins, mais également des requins, des raies, des lions de mer, nager avec, prendre des photos avec, en groupe, seul, ou même prendre de photos de mariage au sein du parc (!!!). La plupart des vacanciers seraient horrifiés d’apprendre que les entreprises qui proposent des activités de « nage avec des dauphins » capturent souvent ces animaux dans la nature ou les échangent entre différents parcs marins dans le monde, les arrachant de leur famille et de leur environnement pour le plaisir passager de touristes inconscients de leur provenance. En plus de blesser voire de tuer des dauphins durant la capture, ces enlèvements ont des effets terribles sur les groupes de dauphins sauvages, qui se voient amputés de l’un ou de l’une des leurs. Les dauphins sont des animaux hyper-sociaux et c’est toute leur vie qui peut se voir bouleversée par la perte de l’un des leur.
Fort heureusement ces activités ont récemment été interdites en France par Ségolène Royal (il ne pourra bientôt plus y avoir d’interaction entre le public et les animaux marins sauvages captifs) cependant, ces activités, et la cruauté qui leur est inhérente, continuent d’avoir cours dans d’autres pays, notamment en République Dominicaine, où se rendent beaucoup de touristes français. Là ces animaux doivent traîner des touristes par leurs nageoires caudales ou se laisser toucher et manipuler. Les preuves scientifiques montrant que les dauphins souffrent de la captivité sont irréfutables. Ils sont forcés de vivre dans ce qui est, pour eux, l’équivalent d’une baignoire –et ces animaux se déplacent naturellement grâce à l’écholocalisation; ils émettent un sonar leur permettant de localiser et d’identifier des objets et la distance sous l’eau. Mais en captivité leur sonar rebondit sur les bords de leurs bassins minuscules et les rend fous. Certains touristes que l’on a rencontré sur place nous ont dit : « oui mais ils sont récompensés par de la noirriture ». Un grand dauphin peut ingurgiter jusqu’à 25 kilos de poisson par jour ! Un tour contre un poisson représente donc une maigre récompense. Dès qu’ils sont rassasiés, les dauphins cessent d’obéir aux ordres qu’on leur donne. Je ne parle même pas du Manati Park, connu pour sa cruauté envers les dauphins !
La volonté d’ANICARE WORLD est de faire connaitre au grand public ces infamies et surtout de changer notre vision des animaux et du tourisme animalier. Les parcs aquatiques participent d’une forme de mauvaise éducation. Voir des dauphins enfermés, malades et stressés, en train d’effectuer des acrobaties ne contribue pas à éduquer le public sur les comportements de ces créatures. Les employés des delphinariums prétendent que les dauphins adorent faire des pitreries, qu’ils sont contents d’être là… (c’est la réponse que l’on a eue quand on a demandé aux employés si les dauphons étaient heureux). Mais il s’agit d’animaux sauvages, qui n’ont pas pour vocation de nous divertir et ont, au contraire, droit à leur liberté. Aller voir les dauphins captifs, c’est conforter l’idée qu’il existe une forte demande pour ce genre de spectacles. C’est donc participer à la prospérité de cette industrie. L’argent est ici le nerf de la guerre : si les delphinariums n’étaient pas rentables, ils n’existeraient plus depuis longtemps !
“Se rendre comme maître et possesseur de la nature” disait Descartes… L’humanité se comporte comme tel, aussi bien vis-à-vis du patrimoine écologique mondial que des dauphins. Mais ce droit devrait engager une responsabilité et des devoirs. Pour cette raison, prendre le parti de respecter les dauphins comme des êtres intelligents, sensibles, sociaux et complexes est le seul choix éthique. Participer à une exploitation immorale, ce n’est pas agir de la bonne manière pour les dauphins. Il y d’autres façon de découvrir les dauphins que les delphinariums.
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